Etude d’une société à travers son architecture – Photographies et essai

Toute société s’inscrit dans un espace de vie : l’espace architectural ; pensé, construit et détruit par l’homme.

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Concept

L’architecture indonésienne s’est construite par strates d’influences culturelles successives. Aujourd’hui elle se présente comme un amalgame fascinant d’architectures locales et étrangères. Cependant, les différentes influences culturelles en Indonésie n’ont jamais effacé ses traditions, l’essence même de sa culture n’a pas été altérée par les différentes civilisations qui sont passées sur son territoire, elle les a assimilées. Elle leur a pris ce qui lui convenait, sans pour autant devenir une culture d’emprunt.

Il en résulte un grand mélange de signes antinomiques : c’est la culture du paradoxe. L’architecture et l’urbanisme, reflets du mode de vie des gens, sont très représentatifs du phénomène d’adaptation. Le style indonésien pur ne peut se retrouver que dans l’architecture traditionnelle encore présente ; partout ailleurs les bâtiments sont des patchworks de toutes les tendances : traditionnelles, coloniales ou immigrantes jusqu’à l’architecture contemporaine. C’est dans ce tableau que la population, plus de deux cent millions de gens du passé et du présent, doivent vivre ou survivre.

Notre travail photographique tend à faire une iconographie des habitants d’une région ou d’un pays. Cette étude se veut pédagogique et ne peut se suffire à elle-même, elle doit s’adjoindre pour être complète du travail d’un historien, qui interviendra à l’école des beaux arts de Jakarta. Avec l’appui de l’étude photographique, il participera à l’essai anthropologique avec ses étudiants durant le projet. A l’occasion de cette étude, un échange est aussi prévu entre l’ETPA, école de photographie de Toulouse et les beaux arts de Jakarta.

Débutée en avril 97, nous avons aujourd’hui achevé la première partie de ce projet sur Java et Madura. Une exposition de ces photographies sera présentée, dans un premier temps, à l’école de photographie de Toulouse, avec un séminaire de quatre jours pour ses étudiants, au mois de juin 98. Puis en Indonésie, au mois d’août 98, au CCF, centre culturel français, et à l’IKJ, école des beaux arts de Jakarta, associée aussi à un séminaire de quatre jours pour les étudiants indonésiens. Au cours de ce séjour en Indonésie, le photographe et l’historien prépareront la suite de l’étude sur une ou plusieurs autres îles et le programme de l’année suivante.

Projet ethno-photographique

Nous voulons révéler les tendances sociales et culturelles indonésiennes à partir de l’analyse de l’architecture, celle-ci étant le reflet de la façon de vivre de ses habitants et de leurs façons de penser les choses dans leur diversité. Cette démarche participe de la géographie humaine, associant la notion d’espace et son organisation sociale, ainsi la dimension humaine présente dans la multiplicité des symboles idéologiques et religieux, représentés et respectés.

L’architecture indonésienne telle que nous pouvons la découvrir aujourd’hui est un mélange de nombreuses tendances : – vernaculaire – islamique – chinoise – hollandaise – “art déco” – hispano-portugaise

L’architecture populaire indonésienne perpétue ces juxtapositions et mélanges de styles.

Les styles hollandais, “art déco” et hispano-portugais, ne sont pas ceux que l’on trouvait en Europe mais une adaptation aux îles, nous parlerons donc d’influences architecturales.

Champ d’investigation

Ce travail n’est pas envisageable sur l’intégralité de l’archipel, étant donnés son étendue et le nombre important d’îles qui le compose. Nous nous limiterons aux îles principales :

– Bali Forme avec Java le coeur de l’Indonésie. Par leur proximité elles ont beaucoup de similarités. L’architecture balinaise traditionnelle est le reflet de symboles culturels et religieux hindo-bouddhistes. Aujourd’hui Bali, le paradis tropical, bien qu’envahi par les réseaux touristiques mondiaux depuis déjà longtemps, conserve sa vie de village et son urbanisme propres, vitaux aux balinais.

– Bornéo, Les Célèbes Terres très fertiles et riches en matières premières. Ces îles ancestrales regroupent différentes ethnies fortes de l’archipel. L’architecture traditionnelle forte et les adaptations aux différentes colonisations jusqu’au tourisme d’aujourd’hui sont caractéristiques du patchwork indonésien.

– Java (travail photographique réalisé en 97) L’île la plus peuplée de l’Indonésie : environ 65 % de la population du pays. Aujourd’hui un des carrefours industriels mondiaux. Le coeur de la politique et du système éducatif de l’archipel en tous temps. Ancien siège de la colonisation hollandaise.

– Lomboc La qualité de vie et la culture y sont proches de celles de Java et Bali : son architecture traditionnelle (Sasak) de terre, bambou et chaume reste intacte, par endroits très influencée par les fortes communautés balinaises. Le tourisme récent amène une nouvelle influence.

– Madura (travail photographique réalisé en 97) Petite île à 10 km à l’est de Java. L’architecture maduranaise semble être purement traditionnelle ou populaire. En effet, son climat aride et chaud qui rend la vie difficile, la pauvreté de son agriculture et de son industrie, le tourisme inexistant, poussent les gens à émigrer vers Java ou Les Célèbes.

– Sumatra Quatrième île du monde par sa taille, l’île de l’archipel la plus cosmopolite de dominante malaisienne. Cette île possède une architecture particulière adaptée à son climat équatorial, très diverse par ses multiples cultures ethniques et bien sûr par la présence d’une des plus fortes ethnies de l’archipel, les “Batak”.

Nous avons sélectionné cent vingt photographies noir et blanc et couleur de notre travail sur Java et Madura. Un diaporama peut être présenté.

Finalité de cette étude

-  Recenser la plus grande variété de formes architecturales du patrimoine indonésien représentatives des multiples cultures

-  Analyser et comprendre les relations entre ces formes et ces cultures grâce aux évènements historiques

-  Présenter une exposition itinérante de photographies, au début de l’année 1999, dans différents secteurs : public, universités, …

-  Editer un livre pour présenter l’étude complète

-  Créer une banque d’images à vocation d’archive accessible aux étudiants des sciences sociales, photographiques, architectes, urbanistes,…