Projet de bourse Villa Médicis hors les murs, 2002

Au premier regard périphérique, l’œil contemple une forêt parcourue d’avenues. Puis il perçoit les habitations, camouflées. Et plus en profondeur, la rivière Molonglo, étranglée en lacs, et le sillon des bâtiments civiques. La ronde des quartiers circulaires, blottis derrière les avenues, suggère la vie. Mais les intérieurs des maisons, encore trop timides, se dissimulent sous des rideaux, parfois de végétation : l’individualité humaine de Canberra semble aussi vivace que son architecture monochrome. Seules entorses visuelles à la charte urbaine de Griffin, l’identité irisée du jeune musée d’art moderne, posé sur une île émergé spécialement à cet effet dans un des lacs du centre ville ou encore les terrasses des cafés et restaurants, récents. Même les lignes électriques qui unissent les maisons en ribambelles refusent le grand jour.

Ainsi, j’espérais orienter une réflexion sur l’urbanisme de cette nouvelle ville, baignée d’une forte influence américaine et par l’usage de diptyques, en révéler les identités humaines : photographier les contrastes, dans les sphères publique et privée, jusqu’à exposer la géographie humaine de ce lieu, ancrée dans un dédale de règles urbaines. J’aurai pénétré les intérieurs des maisons privées des diverses classes sociales, puis leur lieu de travail, afin d’y retrouver des traces identitaires. J’aurai observé les modifications architecturales individuelles des habitations et exploré les jardins, privés et publics, afin d’y surprendre des libertés d’actions. Enfin, J’aurai visité des lieux de rencontres extérieurs, marchés, centres de sport, « garage sale », déchetteries…, afin d’y retrouver ces identités dans un seul et même flot humain.