À partir de ma première rencontre avec le Japon, trois semaines en octobre et novembre 2019, j’ai pu observer la vie quotidienne sur l’île Honshu, en autobus, train, voiture et voilier. J’ai pu ressentir des contrastes entre tradition et modernité, ainsi que l’éloge des japonais à cette belle nature et leurs actions à son encontre. Il est surprenant d’observer l’art de vivre, ou de survivre, sur cette île du soleil levant.
Mon projet photographique d’étudier l’intervention de l’homme entre l’eau et la terre trouve bien sa place au Japon où les eaux sont à la fois vénérées et craintes « comme la peste ». La mer inonde ces villes qui ont été et sont encore multipliées, agrandies « à coup de montagnes sur la mer ».
Les fortes pluies de l’archipel nourrissent les puissantes végétations dans les montagnes et, en même temps, elles détruisent de manière permanente l’urbanisme construit à la verticale. Ici l’eau, comme la nature, est un art de vivre, un rituel qui transpire le respect et aussi ses transgressions. Ici, on rase les montagnes pour rehausser les villes de quelques mètres, gagner du temps et encore de l’urbain sur l’eau.
Il se construit aussi un mur « pare-vague » d’environ quatorze mètres de haut sur quatre cents kilomètres, sur l’île Honshu, le long de la côte nord du Pacifique. Ces « oeuvres » de béton, multiples, sont beaucoup contredites. Ces digues monumentales créent un tel changement visuel de la côte, comme de la mer, qu’elles modifient « l’art de vivre » avec l’eau. La mer disparaît du paysage quotidien des populations qui vivent sur le littoral.
Je propose donc une continuité au regard iconographique que je viens de porter sur les rivages de la Méditerranée et de l’Atlantique Nord. L’étude que je souhaite réaliser au Japon s’inscrit dans ma démarche d’observation photographique des mutations urbanistiques des côtes, menées par l’Homme, entre la terre et l’eau. Vous trouverez ici le lien vers le diaporama ciné-concert, mis en musique par le groupe de jazz Høst de cette première campagne photographique sur les berges de villes du monde vues de la mer, de lacs, et de rivières réalisée de 2017 à 2019.
Cet entre-deux que je propose sur les principales îles du Japon pourrait aboutir sur une exposition itinérante pendant l’année de la France dans ce pays prévue d’avril à novembre 2021. Les légendes de ces photographies pourraient s’énoncer en noir et blanc ou en couleur, sur le principe d’haïkus traditionnels en idéogrammes japonais. Je propose de les incruster aux images comme des tags.
Hervé Dangla, Auteur.
Plan d’action proposé pour les années 2020 et 2021
2020 – Réalisation des photographies sur le Japon et rencontre avec des institutions et des publics japonais, en partenariat avec le réseau des Instituts Français :
Dans un premier temps, il est nécessaire d’avoir des conseils et avis sur les partenaires japonais à approcher ( musées, festivals, biennales, écoles d’Art… ), l’idée étant que ce projet puisse s’intégrer dans le programme de l’année de la France au Japon qui sera conjointement porté avec des institutions et événements japonais. Nous pourrions développer en commun un travail de recherche et associer ainsi d’autres partenaires à ce projet de regard photographique autour de l’eau, des travaux de recherches plurielles sur le même thème pour un événement en 2021.
Dans un second temps, d’avril 2020 à février 2021, nous devrons commencer la phase active de réalisation des photographies. Pour une première rencontre avec ces partenaires, je propose des diffusions du diaporama existant sur les rencontres terre et eau de l’Atlantique Nord et de la Méditerranée que j’ai réalisé en 2019, dans le but de présenter et partager l’étude à venir sur le Japon.
Ces moments de diffusion, organisés en collaboration avec les Instituts Français ou à l’occasion de rencontres audiovisuelles, permettront d’annoncer ce regard photographique sur l’archipel dans le contexte de l’année de la France au Japon. Je propose de réaliser cette étude sur trois sessions d’un mois et demi étalées sur les années 2020 et 2021 et sur quelques principales îles de l’archipel japonais, comme Honshu, Hokkaïdo, Kyushu et Okinawa, avec des ambiances et climats divers. Au fur et à mesure des sessions de prises de vue, nous pourrions développer avec des partenaires japonais des ateliers de réflexions et de recherches communes afin de parfaire cette exposition plurielle pour 2021.
Les photographies traiteront de ces rencontres entre la terre et l’eau et montreront l’intervention humaine d’hier et d’aujourd’hui dans les fortes complexités entre tradition et modernité, renforcées par les incidents naturels qui agitent ce pays.
Projet de la France au Japon d’avril à novembre 2021
Toujours en partenariat avec des institutions culturelles et des événements artistiques japonais, ainsi que les Instituts Français qui pourront être impliqués, je propose d’organiser un parcours de l’exposition et de la diffusion du diaporama sur le Japon.
L’exposition plurielle est commune, pourrait être présentée avec comme support graphique les photographies sélectionnées pendant les sessions de l’année précédentes. Je propose une trentaine de tirages couleur et/ou noir et blanc sur papier prestige en grand format variable. La scénographie devrait se dessiner comme les drapeaux de tissu que l’on trouve dans les temples japonais, papier photographique brut soutenu par des liteaux de cèdre fin au haut et au bas de l’image, fixés simplement avec des pinces à dessin. De cette manière, l’exposition, roulée sur elle-même, circule et s’installe très facilement. Dans le cadre de ce projet mené en partenariat avec des institutions de recherche ou d’art japonaises, l’ensemble de mes travaux photographiques sera cédé gratuitement à ces mêmes partenaires. J’estime réaliser environ trois cents clichés référencés sur ce projet.
Le diaporama d’environ vingt-cinq minutes ou plus, et comprenant une centaine d’images, peut être prévu en ciné-concert dans le cadre de festivals de musique au Japon avec les musiciens de ce quartet de jazz, Høst, avec qui je travaille sur les présentations en France de ce projet. Vous trouverez sur le site (https://hostmusic.fr ) les références de ce quartet de musiciens qui ouvre cette année le Festival de Jazz de Marciac en France.