Propos recueillis de l’intervention de Jollivet pendant les rencontres « de ville en ville », Marseille avril 2001. Par Stéphane Lapoutge

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J’ai choisi de reprendre et de faire discuter entre eux les propos de Jollivet concernant la loi SRU, afin que tous ceux qui y sont extérieurs, comme je le fus et le reste très certainement, tant de nombreuses subtilités m’échappent encore, puissent en cerner les contours et les enjeux. Il ne s’agit en aucun cas d’une interprétation de ma part de ce qui a été dit, d’ailleurs chacun pourra s’en rendre compte en consultant soit les cassettes audio, soit les retranscriptions écrites qui en ont été faites. Les termes et expressions qui apparaissent en italique correspondent à des extraits prononcés par le conférencier, parfois retravaillés pour des besoins stylistiques.

La loi SRU, ou Solidarité Renouvellement Urbain, devrait se présenter comme une nouvelle démocratie citadine. Elle a pour ambition de permettre aux habitants de se ressaisir du territoire puisqu’elle place le citoyen, l’habitant, en amont des processus. Elle sous-entend donc que ceux-ci participent de façon plus active aux décisions prises par les politiques, les maires des communes, l’administration, les architectes et autres acteurs impliqués. Ainsi, elle prête l’oreille aux aspirations humaines légitimes qui ont vue le jour depuis quelques années déjà. En même temps, elle s’installe dans le paysage politique et réaffirme en permanence que nous sommes des êtres humains. De ce fait, elle semble donner le droit aux habitants de mieux penser leur propre ville donc leur propre vie.

Pourtant, si la loi SRU amène les élus à écouter davantage les habitants et les habitants à s’investir dans le droit, il semble qu’il ne soit nullement question de la façon dont ces derniers seront intégrés dans ce processus, d’autant que l’on sait pertinemment que la place de l’habitant peut être totalement détournée. En effet, longtemps la parole des habitants ne fut que du bruit, du blabla et on ne l’entendait pas, tant ils avaient été exclus des précédents dispositifs, comme aspirés par plus fort qu’eux. Par l’argent, qui sait ! Par une logique d’infraction des chiffres.

Quoiqu’il en soit, la question tourne aujourd’hui autour de la citoyenneté. Il faut que cette voix, ce chœur citoyen résonne comme autant de volontés décidées à exiger de la démocratie une véritable culture urbaine, une culture partagée par plusieurs membres, pas des spécialistes mais des gens de la cité, des gens des quartiers, dans gens qui sont dans les associations, pour qu’il y ait effectivement un véritable dialogue. Alors oui ! l’individu endossera plusieurs personnalités et éclaboussera la ville de sa noble schizophrénie : il sera l’homme, l’habitant et le citoyen de cette civilisation urbaine qu’il va falloir améliorer. Il sera en situation face au pouvoir politique, face à l’institution, face à l’administration de pouvoir donner des arguments plus étayés. Mais il ne sera à même d’appréhender son environnement, de le maîtriser, si tant est qu’on maîtrise son environnement, que s’il s’en donne réellement les moyens, dans des rapports humains autres qu’utopiques.

Cependant, cette nouvelle citoyenneté suppose que l’on apprenne à vivre collectivement et, dès lors, que toute forme d’exclusion philosophique et politique soit abolie. Cela suppose donc un objectif commun : le bien de tous. Et chez Rousseau, la citoyenneté se présentait déjà comme l’un des éléments constitutifs du Pacte Social, un ciment communautaire. La citoyenneté confère de facto des droits et des devoirs et il appartiendra à chacun de mesurer la dimension de l’engagement à prendre en adhérant au pacte social. Ainsi, il faudra que chacun accepte un certain nombre de règles et d’obligations tout en limitant l’usage qu’un pouvoir pourrait faire de la citoyenneté.