Depuis quelques années, le Collectif HDFS réalise une mémoire photographique sur l’évolution du Grand Mirail à Toulouse face au Grand Projet de Ville (GPV).

De 1997 à 2001, j’ai suivi les étapes successives de la démolition de la plate-forme de Bellefontaine et répertorié en images les premières restructurations et créations des jardins et places de ce quartier.

Deux fois par an, avec le concours d’élus, d’architectes, de techniciens, citoyens et étudiants de l’Université du Mirail, nous avons organisé, à la Maison de l’architecture de Toulouse, des débats enregistrés générés par nos photographies sur ce Mirail en devenir. Le but de ces rencontres était d’entretenir une réflexion et d’archiver la version de spécialistes et de néophytes, acteurs dans ces grandes citées.

Depuis 2003, ce travail de suivi photographique c’est enrichi d’une mémoire filmique. Ainsi, cette étude se décline en deux mouvements :

1 / « La mémoire du bâti » : regard photographique sur l’avancement des démolitions et des constructions.

2 / « La mémoire des habitants » : réalisation d’entretiens avec diverses familles, d’origine et de statut différents, qui vivent ou travaillent dans ces quartiers.

Pour la première année de cette mémoire filmique, j’ai établi une grille d’entretiens qui retrace le parcours de ces familles. Dans la dernière partie de l’entretien, j’oriente la discussion sur le GPV. Le choix des « personnages » nous projette dans des pensées et des milieux de vie inhérents à cette grande cité : ils ont été filmés in absentia : ils n’apparaissent jamais à l’écran ; seuls les voix et les lieux sont rendus. J’ai délibérément choisi de travailler de cette manière, afin que les uns et les autres puissent s’entendre et s’écouter pour effacer toutes formes d’antagonismes sous-jacents. Je ne montre que les murs des appartements, des bureaux et des bâtiments. Seuls les accents conjuguent la diversité.

Ce film vidéo documentaire de cinquante deux minutes, rassemble, pour cette année, cinq des familles interviewées. Ces témoignages se succèdent et sont reliés entre eux par des séquences de travelling, des photographies sur l’ensemble du Grand Mirail.

En 2006, et pour les prochaines années, dans la durée de ce Grand Projet de Ville, je souhaite suivre ces mêmes familles dans un face à face, entre leurs origines et le GPV. Je voudrais avec elles, évaluer les modifications sociales, culturelles et l’architectonique de l’endroit.

Je souhaite poursuivre ces mémoires dans le temps de ce projet de ville, l’enrichir en rencontres à partir des cinq « personnages » de ce premier volet filmique, afin de pouvoir évaluer les modifications sociales et urbaines du Mirail dans le temps.